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Fin de combat pour Alingete : l’inspecteur star des médias, l’homme qui faisait trembler les ministères, quitte la scène.

En République Démocratique du Congo, c’est une page qui se tourne à l’Inspection Générale des Finances. Par une ordonnance présidentielle signée ce mercredi 7 mai 2025, le président Félix Tshisekedi a nommé Christophe Bitasimwa Bahii au poste d’Inspecteur Général des Finances – Chef de service, en remplacement de Jules Alingete. Emmanuel Tshibingu Nsenga a quant à lui été nommé Inspecteur Général Adjoint.

Jules Alingete aura marqué son passage par un style unique, mélange de rigueur, de médiatisation et de combats parfois très publics contre des figures fortes de la scène politique.

Il s’était particulièrement illustré dans des bras de fer avec l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo, dont le dossier judiciaire a même divisé la Cour constitutionnelle et l’Assemblée nationale. Mais ce n’est pas tout. Alingete s’était aussi retrouvé au cœur de tensions avec plusieurs membres de l’Union sacrée, notamment certains conseillers présidentiels et des ministres UDPS comme Tony Mwaba, à propos des décaissements de fonds publics. Des conflits souvent exposés dans les médias, alimentés par des journalistes alignés avec l’un ou l’autre camp.

Son dernier grand affrontement fut avec l’ex-ministre des Finances, Nicolas Kazadi. L’affaire des forages et des lampadaires avait secoué l’opinion. Nicolas Kazadi, fragilisé politiquement, a perdu son poste ministériel et a même échoué à se faire élire sénateur. Il accusa publiquement Jules Alingete de faire partie d’une « mafia » cherchant à l’abattre pour lui prendre son poste. Leur guerre fut si virulente que le président Tshisekedi dû intervenir en personne, dans une réunion discrète à la présidence, sans pouvoir apaiser les tensions. Finalement, il défendit publiquement Nicolas, le qualifiant de “père de famille qu’il ne faut pas jeter a la pâture”.

Jules Alingete restera dans les mémoires comme l’homme qui a popularisé l’IGF. Très proche des artistes, des journalistes et des figures publiques, il était presque devenu une personnalité médiatique à part entière.

Malgré le manque d’informations détaillées sur sa gestion interne, il aura réussi à imposer son nom dans le débat public, et à faire de l’IGF un acteur incontournable dans la lutte contre la corruption au prix de nombreux ennemis.

Le Congo tourne une page. Reste à voir si son successeur saura faire autant de bruit… ou ramener plus de calme.

Abudu Yawolo

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