Mutamba : le ministre de la justice jugé par la justice…Le jeune prometteur va-t-il tomber ?

L’Assemblée nationale a officiellement autorisé ce mardi les poursuites judiciaires contre Constant Mutamba, ministre de la Justice, dans une affaire de détournement présumé de 39 millions de dollars américains, fonds initialement destinés à la construction d’une prison à Kisangani.
C’est une chute brutale pour celui que beaucoup voyaient comme un espoir de la jeunesse politique congolaise. Nommé à la tête du ministère de la Justice avec l’image d’un homme dynamique, proche du terrain, Mutamba s’était illustré dès ses débuts par une série d’arrestations spectaculaires de réseaux mafieux, saluées par certains mais jugées populistes par d’autres.
Selon plusieurs sources parlementaires, les soupçons de mauvaise gestion et d’opacité autour du projet carcéral de Kisangani ont fini par convaincre les députés d’autoriser la levée de ses immunités. Une décision sans précédent contre l’un des plus jeunes ministres du gouvernement.
Proche de Joseph Kabila dans ses débuts, Constant Mutamba s’était rapidement désolidarisé de son mentor pour devenir un adversaire farouche des Kabilistes. Ce revirement politique lui avait valu autant d’alliés que d’ennemis dans la classe dirigeante. Certains y voient la cause réelle de ses ennuis actuels.
Lui qui ambitionnait de porter la voix des jeunes à la présidentielle de 2028, voit aujourd’hui son avenir politique sérieusement compromis. Sa popularité, déjà en baisse ces derniers mois, pourrait s’effondrer sous le poids de ce scandale.
Si certains saluent la décision de l’Assemblée comme un signe d’une justice qui se veut désormais impartiale, d’autres redoutent une instrumentalisation politique
Le ministre, présumé innocent jusqu’à preuve du contraire, pourrait clamer son innocence dans les jours à venir. Mais une chose est sûre : l’affaire Mutamba marque un tournant dans la gestion de la redevabilité politique en RDC, et relance le débat sur la moralisation de la vie publique.
Abudu Yawolo