Ambiguïtés et incohérences du discours Congolais (RDC) :Agression étrangère ou « mesures défensives » (légitime défense) ? Tribune de Marley Vuvu

Je pense qu’on a tous constaté que ces derniers temps on exige que l’on dénonce et condamne l’agression Rwandaise. Mais, je voudrai nous inviter à nous faire des réflexions et nous poser de bonnes questions.
Dans un premier temps, la question que je nous invite de nous poser est que nous dit notre constitution au cas où le pays est victime d’une agression (invasion étrangère) ?
La constitution stipule que « le Président de la République déclare la guerre par ordonnance délibérée en Conseil des ministres après avis du Conseil supérieur de la défense et autorisation de l’Assemblée nationale et du Sénat, conformément à l’article 143 de la présente Constitution (Article 86) ».
Et, que dit l’article 143 ? « Conformément aux dispositions de l’article 86 de la Constitution, le Président de la République déclare la guerre sur décision du Conseil des ministres après avis du Conseil supérieur de la défense et autorisation de deux Chambres.
Il en informe la Nation par un message.
Les droits et devoirs des citoyens, pendant la guerre ou en cas d’invasion ou d’attaque du territoire national par des forces de l’extérieur, font l’objet d’une loi ».
Ici, je nous invite à nous poser de bonnes questions et nous faire quelques réflexions :
- Pourquoi n’y a-t-il pas encore eu une déclaration de la guerre alors que la constitution l’exige ?
- Est-ce raisonnable qu’on exige que l’on dénonce et condamne Rwanda alors qu’on n’a jamais appliqué les articles 86 et 143 de la constitution ?
- Si aujourd’hui on condamne ceux qui ne dénoncent ou ne condamnent pas l’agression Rwandaise que dire alors du fait qu’on ne se soit jamais conformé aux articles 86 et 143 de la constitution ? Ne serait-il pas question d’une abdication de ses responsabilités constitutionnelles ?
Deuxièmement, on va constater que l’Accord de Washington du 27 Juin 2025 ne parle pas de l’agression Rwandaise, comme on le verra d’ailleurs dans l’extrait portant sur le « MÉCANISME CONJOINT DE COORDINATION DE LA SÉCURITÉ » qui stipule ce qui suit :
« …Les Parties établissent et conviennent de lancer, dans un délai de 30 jours à compter de l’entrée en vigueur du présent accord, un mécanisme conjoint de coordination de la sécurité entre la RDC et le Rwanda qui fonctionnera uniquement conformément aux conditions arrêtées entre les Parties.
…Le mécanisme conjoint de coordination de la sécurité est régi par les principes suivants et le plan de mise en œuvre figurant à l’annexe :
Un engagement à identifier, évaluer, localiser et neutraliser conformément aux dispositions pertinentes du Plan harmonisé de neutralisation des FDLR et de désengagement des forces/levée des mesures défensives par le Rwanda (CONOPS) du 31 octobre 2024, découlant du processus de Luanda. (Paragraphe ii) ».
Une fois encore, je nous invite à nous poser certaines questions et nous faire quelques réflexions:
- Que veut-on dire par « mesures défensives » ?
- Comment peut-on parler, d’une part, d’une agression qu’on nous demande tous de dénoncer et condamner, et, que de l’autre, on parle dans un même temps des « mesures défensives » ? Où est l’agression qu’on nous interpelle de condamner ?
- Comment va-t-il arriver que l’agresseur soit devenu la victime qui aurait déployé ses troupes militaires sur le sol Congolais en légitime défense ? Comment en sommes-nous arrivés là ?
- Comment peut-on alors croire qu’on a la légitimité d’exiger que nous condamnions ce que l’Accord lui-même n’a pas condamné ?
Pour conclure, lors du forum Global Gateway tenu à Bruxelles du 9 au 10 Octobre 2025 on avait tendu la main à l’homme de Kigali pour « faire la paix des braves ». Mais, on va constater que le lendemain on a exigé qu’on dénonce et condamne d’abord le même homme à qui on venait de tendre la main pour qu’on soit accepté au dialogue national Congolais. Comment expliquer toutes ces ambiguïtés et incohérences ? Dans ce contexte, serait-il rationnel ou légitime d’exiger qu’on condamne tous Kigali autrement on est contre la République ? Peut-on alors dire que l’Accord de Washington est contre la République parce qu’il n’a pas condamné l’agression Rwandaise et l’a d’ailleurs légitimée en acceptant le concept des « mesures défensives » ?
Nous avons le devoir citoyen de bien réfléchir et nous poser de bonnes questions.