Culture : «Parallèles» de Julie Grimoud, un livre qui retrace les correspondances historiques, géographiques et identitaires entre la RDC et la France
Difficile de dire avec exactitude le genre dans lequel les «Parallèles» a été rédigé. Ce livre de 165 pages, œuvre de Julie Grimoud, Française missionnée en RDC depuis 2019 comme professeure de lettres au lycée français de Kinshasa, est un mélange de narration, de la poésie et du théâtre.
Ce «compte»( comme le qualifie l’auteure) est une restitution d’un voyage effectué en 2022, dans le Kwilu, Kwango et Feshi. Ce parcours fait parfois en bus et à moto, a permis à Julie Grimoud à se remémorer le relief de la France, précisément du département de l’Ariège: les routes qui serpentent, surtout les rochers de ce paysage, qui lui rappelle le métier de casseur des pierres de son grand père.
« au cours de ce trajet dans ce qu’on appelait autrefois la grande province de Bandundu, j’allais faire un « deuxième voyage », vers le visage absent et la voix blanche chargée de paroles de mon père. Les démons reviennent toujours là où nous ne les attendons pas», écrit l’auteure aux pages 22 et 23 des Parallèles.
Subjuguée par la nature, le calme et la richesse du Congo au Kwilu, Kwango et Feshi, Mme Julie Grimoud exprime, dans ce livre, son agacement d’entendre parler de la RDC d’un pays pauvre.
«Je n’en peux plus entendre parler de pays pauvre», écrit-elle en vers, avant de hausser le ton s’interrogeant : « je n’en peux plus entendre parler de «pays pauvre». De quel leurre s’agit-il, dans cette histoire ?».
À travers ce voyage, l’auteure retrouve ses identités de l’Europe, qu’elle a quittée il y a près de 5 ans en dépit de la crainte de sa mère, qui disait avant son départ : «je n’ai plus qu’à mourir avant tu partes. Tu n’as pas ma bénédiction. Tu vas te faire assassiner à coups de manchettes, là-bas, ils ne connaissent même pas les philosophes des Lumières».
«Les Parallèles», préfacé par Jean-Pierre Han, a présenté mercredi 21 février à Texaf Bilembo, à Kinshasa, par son auteure, Julie Grimoud, devant une assistance composée des Français habitants le pays de Lumumba, et les Congolais, les amoureux de la lecture. À travers les premières lignes de 165 que cette œuvre compte, Julie Grimoud rend une fière Chandelle à D., qu’elle qualifie de sa main droite, dont elle est elle-même la gauche, et sans lequel «ce livre n’existerait pas».
Samyr LUKOMBO