« Après le choc Kabila, la riposte du pouvoir s’organise »
Le discours prononcé par l’ancien président Joseph Kabila continue de faire couler beaucoup d’encre et de provoquer des remous au sein de la classe politique congolaise. En l’espace de quelques heures, plusieurs figures du pouvoir ont vivement réagi, dénonçant le contenu et le ton du message de l’ancien chef de l’État.
Peter Kazadi, ancien ministre de l’Intérieur, a été l’un des premiers à monter au créneau. Il accuse Joseph Kabila d’agir en “porte-parole de Paul Kagame” et de justifier indirectement les actions du M23, tout en évitant de dénoncer la présence de l’armée rwandaise en RDC. Il va plus loin, en l’accusant d’avoir incité à une forme de désobéissance militaire, de vouloir manipuler l’Église catholique et de préparer son retour politique à travers la crise actuelle. “Il veut se poser en victime, tout en niant même son passage à Goma”, a-t-il déclaré.
Jean-Pierre Lihau, ministre de la Fonction publique, n’a pas été moins sévère, lâchant ironiquement : “On dirait qu’il sort d’un coma.” Pour lui, Kabila semble avoir ignoré les réalités du pays pendant toutes ces années de silence.
Doudou Fwamba, ministre des Finances, a quant à lui dénoncé une véritable “tragédie économique” laissée par le régime Kabila. Il évoque notamment :
Le bradage de milliards de dollars issus des ressources minières,
Des massacres restés impunis,
Et la création d’entreprises privées familiales financées par l’État.
Ces prises de position interviennent à la veille de la sortie publique très attendue d’Augustin Kabuya, secrétaire général de l’UDPS, prévue pour ce dimanche. Tout porte à croire qu’une riposte politique coordonnée est en cours.
Fait notable : des figures majeures traditionnellement opposées à Kabila, comme Jean-Pierre Bemba ou Vital Kamerhe, n’ont pas encore réagi officiellement. Une absence de réaction qui intrigue, surtout quand on sait que plusieurs proches actuels du président Tshisekedi ont longtemps fait partie de l’entourage de l’ancien président.
Le débat ne fait que commencer, et le discours de Joseph Kabila semble avoir réveillé de profondes tensions sur la scène politique congolaise.
Abudu Yawolo