Constant Mutamba : Le Moïse de la justice congolaise s’arrête en plein désert

Le ministre d’État et ministre de la Justice, Constant Mutamba Tungunga, a présenté ce mardi 17 juin sa démission au président de la République, Félix Tshisekedi, après un entretien d’environ une heure au Palais de la Nation. La décision devrait être formalisée ce mercredi par une lettre adressée au cabinet du chef de l’État et à celui de la Première ministre.
Nommé en mai 2024, Constant Mutamba quitte le gouvernement à la suite de plusieurs controverses judiciaires et politiques. Il est visé par une enquête pour détournement de fonds dans le cadre d’un marché public de 29 millions de dollars, dont 19 millions auraient été décaissés en violation des procédures légales. Les fonds proviendraient du FRIVAO (Fonds de réparation et d’indemnisation des victimes des activités illicites de l’Ouganda en RDC), un mécanisme placé sous la tutelle du ministère de la Justice.
Le 15 juin dernier, l’Assemblée nationale a levé son immunité parlementaire, à la suite d’un réquisitoire du procureur général près la Cour de cassation. Outre les accusations de détournement, Mutamba est aussi poursuivi pour outrage aux corps constitués, après avoir dénoncé publiquement ce qu’il appelle un « complot politique » dirigé contre lui.
Sous le coup d’une interdiction de quitter la ville de Kinshasa, et menacé par un mandat d’arrêt, le plus jeune ministre du gouvernement a préféré anticiper sa démission comme le prévoit la Constitution pour les membres du gouvernement mis en accusation.
Celui qui s’était présenté comme un réformateur de la justice congolaise quitte la scène dans la tourmente, après avoir polarisé l’opinion publique par ses prises de position souvent jugées populistes. Son départ ouvre désormais une nouvelle page dans un ministère clé, en pleine tension politique.
Abudu Yawolo