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Willy Bakonga, le méconnu du bilan éducatif : Le tout premier “élève” du Fatshi [Jean-Pierre Botiho]

Par Jean-Pierre Botiho, analyste

Au moment où les débats autour de la réforme de l’éducation en République démocratique du Congo alimentent de vives polémiques, le nom de Willy Bakonga revient sans cesse, parfois sali, souvent sous-estimé, mais rarement traité avec objectivité. À travers cette analyse, je propose de revenir sur les faits, les chiffres et les enjeux liés à son passage au ministère de l’Enseignement primaire, secondaire et technique (EPST).

I. Un acteur clé de la gratuité, dès la première heure

Bien avant la formalisation de l’Union sacrée, Willy Bakonga a agi comme le tout premier “élève” du président Félix Tshisekedi. Il a initié des réformes concrètes, sans attendre le renfort politique généralisé.

155 000 enseignants pris en charge, dont 100 000 NP (Nouvelles Prises en charge) et 55 000 NU (Nouvelles Unités).

Salaires triplés : de 120 000 FC à 380 000 voire 400 000 FC pour de nombreux enseignants.

Ses successeurs, pourtant plus visibles sur la toile, n’ont ajouté que 20 000 FC en moyenne. D’où cette question fondamentale : Qui, concrètement, a porté la gratuité avec courage, sans effet d’annonce ?

II. Une loyauté politique assumée

Sur ses propos passés à Télé 50, où il affirmait sa fidélité à Joseph Kabila, Willy Bakonga est clair : le contexte était différent. Aujourd’hui, Félix Tshisekedi est président, et comme tout patriote, il s’aligne derrière l’unité nationale. Pour lui, le débat est clos :

« Nous n’avons qu’un seul chef, qu’un seul pays. Fatshi a appelé à une mobilisation générale. J’y ai répondu en homme politique congolais. »


Faut-il donc le diaboliser pour avoir répondu à l’appel du chef de l’État, comme tout citoyen loyal ?

III. Une présence constante pendant la pandémie

Pendant que la majorité des ministres avait déserté les bureaux à cause de la pandémie de Covid-19, Bakonga, lui, restait en poste. Il suivait personnellement la mise en œuvre de la gratuité, convaincu que le décollage du système éducatif ne devait pas être retardé. Cela traduit une implication rare et saluée par beaucoup d’acteurs de terrain.

IV. Désordre post-Bakonga : le chaos organisé

Depuis son départ, le ministère de l’EPST traverse une série de dysfonctionnements internes :

Équipe d’audit fictive, sans impact réel.

Gonflement excessif du personnel : de 350 agents en 2020 à plus de 600 aujourd’hui à la DINACOPE.

Organisation de gongs de travail à cause du surnombre.

Nominations de personnes âgées comme directeurs, sans logique professionnelle.

Mise en place fantaisiste, sans critères de compétence.

Désarticulation complète du fonctionnement administratif.

V. Affaire des faux arrêtés : une mise en scène ?

Les accusations d’avoir signé des arrêtés fictifs se sont révélées infondées. Voici les faits :

Les arrêtés de Bakonga ne portaient que sur les redéploiements, pas sur la création de nouvelles unités.

Avec le ministre Budimbu, plus de 10 000 faux arrêtés ont été présentés à la Présidence, dénonçant les falsifications émanant de PROVED, IPP, et autres services décentralisés.

Ces documents ont été suspendus et transmis à la justice.

Une bonne partie des faux arrêtés étaient en réalité l’œuvre de Tony Muaba, selon les informations documentées.

Accuser Bakonga revient donc à punir celui qui a alerté sur les fraudes, alors qu’il n’a fait que jouer son rôle.

VI. Faux débats sur les enseignants et écoles fictifs

Le ministre de l’EPST n’intervient pas dans le processus de paiement des salaires :

Le système est bancarisé et individualisé.

Les paiements relèvent du ministère des Finances.

Le reliquat va directement dans le compte du Trésor public.

Par conséquent, parler d’enseignants fictifs ou d’écoles fantômes à charge du ministre est vide de sens.

VII. Un modèle de loyauté et de constance

Malgré les calomnies, humiliations et accusations, Willy Bakonga n’a jamais quitté le bateau République. Il est resté fidèle, n’a pris aucune arme contre l’État, n’a pas changé de camp au gré du vent.

Un homme de conviction, diront certains. Un fidèle silencieux, diront d’autres. Dans tous les cas, il n’a jamais renié son engagement à bâtir.

VIII. Alléger les familles : la suppression des “motivations”

Peu mentionné dans le débat public, Bakonga a supprimé la motivation parentale pour les enseignants jusqu’au secondaire. Cela représente une réelle avancée sociale :

Moins de charges pour les familles.
Une gratuité réellement ressentie sur le terrain.


IX. Effet social : les enseignants debout

Pour la première fois, les enseignants ont commencé à respirer. Avec l’amélioration salariale et la sécurisation de leurs postes, ils ont pu :

Épargner.

Se marier.

Louer ou acheter.

Acheter une moto, une voiture, un vélo.

Gagner en respect dans leurs familles et communautés.
Ce changement de statut, Bakonga le revendique non comme un miracle, mais comme un résultat logique d’une politique éducative courageuse.

Conclusion : Bilan contre propagande

Willy Bakonga dérange peut-être, mais il reste l’un des rares à pouvoir aligner un vrai bilan sur la table. Ceux qui l’attaquent ne le font pas toujours pour le pays, mais souvent par peur de son retour ou de sa crédibilité silencieuse.

Dans un contexte politique souvent guidé par l’émotion, revenir aux faits, aux chiffres et aux actions concrètes reste la meilleure manière de rendre justice.

Jean-Pierre Botiho

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