POLITIQUE

Kinshasa : Gouverneur Daniel Bumba accusé d’asphyxier l’Assemblée provinciale pour protéger Lévi Mbuta

Cinq jours après le dépôt d’une proposition de résolution visant la déchéance du président de l’Assemblée provinciale de Kinshasa, Lévi Mbuta, l’institution parlementaire provinciale semble prise en otage par un silence assourdissant et une paralysie orchestrée. Alors que le règlement intérieur de l’Assemblée impose la convocation rapide d’une plénière pour examiner la résolution, le bureau annonce au contraire un report « pour des raisons logistiques », sans autre précision.

En réalité, derrière cet écran de fumée administratif se cacherait une stratégie politique délibérée : selon plusieurs sources proches de l’institution, le Gouverneur de la ville, Daniel Bumba Loubaki, refuse de débloquer les moyens financiers nécessaires au fonctionnement normal de l’Assemblée. Une manœuvre qui viserait à protéger Lévi Mbuta, son allié politique, contre la menace d’une destitution imminente.

Une manœuvre qui viole l’esprit de la démocratie provinciale

Le règlement de l’Assemblée provinciale est pourtant clair : dès lors que cinq députés déposent une proposition de déchéance, la vice-présidente est tenue de saisir le concerné et de convoquer une plénière afin qu’il puisse présenter ses moyens de défense avant un vote. Or, le report décidé par le bureau, sur fond d’étranglement financier, s’apparente à une violation flagrante de la loi et une entrave au contrôle parlementaire.

Comment une institution censée incarner le pouvoir législatif provincial peut-elle être paralysée par un refus du Gouverneur de libérer les fonds ? C’est la crédibilité même de la démocratie provinciale qui est en jeu. Daniel Bumba, en bloquant le financement de l’Assemblée, ne fait pas seulement obstruction à un vote, il étouffe le débat démocratique et empêche les élus de remplir leur mandat.

Un précédent dangereux pour la gouvernance locale

L’attitude du Gouverneur constitue un dangereux précédent. Si l’exécutif provincial peut suspendre le fonctionnement de l’Assemblée chaque fois que ses intérêts sont menacés, alors plus rien ne garantit l’indépendance du pouvoir législatif. C’est une logique de chantage financier qui menace d’installer la ville de Kinshasa dans une crise institutionnelle permanente.

De plus, ce blocage intervient en pleine session budgétaire, une période cruciale où l’Assemblée doit examiner et voter les finances de la province. Retarder ces travaux, c’est compromettre la planification budgétaire et retarder les projets attendus par les Kinois dans les domaines de la santé, de l’éducation ou encore des infrastructures. Autrement dit, c’est la population qui paie le prix d’un bras de fer politique entre l’exécutif et le législatif.

Quand le Gouverneur choisit la protection d’un homme plutôt que l’intérêt général

Au lieu d’assumer son rôle de garant du bon fonctionnement des institutions provinciales, Daniel Bumba semble avoir choisi de privilégier la survie politique d’un homme, Lévi Mbuta, au détriment du peuple kinois. Une attitude qui démontre, une fois de plus, combien certains gouvernants conçoivent le pouvoir non pas comme un service public, mais comme un instrument de protection d’intérêts particuliers.

En refusant d’octroyer les moyens financiers à l’Assemblée provinciale, le Gouverneur s’érige en obstacle direct au contrôle parlementaire et trahit l’esprit de la Constitution. Il doit répondre devant l’opinion : de quel droit prive-t-il une institution de son autonomie budgétaire ? De quel droit bloque-t-il une procédure démocratique prévue par le règlement intérieur ?

Un appel à la responsabilité

Face à ce blocage, il revient aux députés provinciaux de se montrer à la hauteur de leur mandat en dénonçant publiquement ces manœuvres. Le peuple kinois attend des élus qu’ils défendent l’institution parlementaire, garantissent la transparence et refusent d’être réduits au silence par un exécutif qui instrumentalise les finances publiques.

Kinshasa mérite une gouvernance qui respecte les institutions et non un Gouverneur qui instrumentalise les caisses de l’État pour protéger un président de l’Assemblée contesté. Si Daniel Bumba persiste dans cette voie, il risque d’être perçu non plus comme un gestionnaire de la capitale, mais comme l’architecte de son blocage institutionnel.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *