Polémique sur le concert de Fally Ipupa : au-delà des rumeurs, la Ministre Yolande Elebe Ma Ndembo face à une instrumentalisation de la culture

Un document, relayé massivement sur les réseaux sociaux, a fait croire à une prétendue subvention étatique du concert de Fally Ipupa au Stade de France. Très vite, la polémique a pris l’allure d’un procès public. Mais derrière les captures d’écran, les commentaires et les jugements hâtifs, une autre réalité se dessine : celle d’une manipulation orchestrée, symptomatique d’une guerre d’influence où la culture devient un instrument politique.
Une rumeur montée de toutes pièces
Le Ministère de la Culture, Arts et Patrimoine, à travers un communiqué officiel, a clarifié les faits concernant une
proposition d’accompagnement du concert de Fally Ipupa.
Détournée de son sens, cette proposition a été utilisée comme munition dans une campagne de déstabilisation ciblée.
L’intention étant de ternir l’image d’une Ministre réformatrice, qui bouscule les vieilles habitudes et replace la culture congolaise au cœur des priorités nationales.
Une femme de convictions face à un système d’intérêts
Depuis sa nomination, Yolande Elebe Ma Ndembo a entrepris un travail de fond rarement amorcé auparavant :
- l’adoption de la première Politique culturelle nationale depuis l’indépendance ;
- la mise en œuvre du décret sur le statut de l’artiste ;
- la création d’une base de données numérique des acteurs culturels ;
- et le déploiement du Front Culturel, comme force de cohésion et de résistance symbolique à la guerre à l’Est du pays.
Ces avancées, pourtant saluées par la majorité des acteurs du secteur, ont aussi fait émerger des résistances. Car une réforme de la culture, c’est aussi une remise en cause des circuits d’influence.
Ceux qui, hier encore, naviguaient entre les failles de l’absence de cadre, voient désormais s’installer une gouvernance exigeante, fondée sur la redevabilité et la transparence. Et c’est précisément cette culture de la rigueur qui dérange.
Derrière la polémique, la peur d’une culture organisée
La désinformation est ici utilisée comme une arme.
Elle traduit la crainte de voir la culture congolaise sortir de l’improvisation, de la débrouille, pour devenir une véritable politique publique, structurée, professionnalisée et économiquement viable.
Dans cette guerre d’images, la Ministre apparaît comme une figure de rupture : une technicienne rigoureuse, une femme d’État qui dérange parce qu’elle incarne une nouvelle approche du pouvoir culturel.
Ce n’est donc pas Fally Ipupa qui est au cœur de la polémique c’est le principe même d’un État qui assume enfin la culture comme levier diplomatique et économique.
La vérité comme acte de résistance
Le communiqué du 6 novembre du Ministère ne cherche pas à polémiquer, mais à rétablir un droit fondamental : celui à la vérité.
Dans un contexte où la viralité surpasse la vérification, la parole institutionnelle devient un acte de résistance.
L’affaire soulève des questions de fond : L’État doit-il accompagner ses artistes à l’international ?
Et si oui, selon quels critères, quelle gouvernance, quelle transparence ?
Ces interrogations sont légitimes. Mais elles méritent d’être posées dans un cadre rationnel, non dans le tumulte des rumeurs et des frustrations personnelles.
Une vision, pas une défense
En réalité, Yolande Elebe Ma Ndembo ne défend pas une personne, mais une vision.
Celle d’une culture congolaise assumée, exportée, reconnue comme pilier du développement durable.
Celle d’une diplomatie culturelle active, capable de raconter un autre Congo, un Congo de talents, de créativité et de fierté.
Derrière la tempête médiatique, c’est peut-être cela qui dérange le plus : l’idée qu’une femme, dans un pays d’hommes, puisse porter la culture non plus comme folklore, mais comme stratégie nationale.
Cette polémique aura au moins eu un mérite : réveiller le débat sur l’économie de la culture.
Un débat que la Ministre appelle de ses vœux, mais qu’elle souhaite voir se tenir sur des bases saines, factuelles et constructives.
Le temps des rumeurs passera.
Mais celui de la refondation culturelle, lui, ne fait que commencer.
Noel Nzogu