Protection sociale en RDC : la culture entre dans le champ de l’Assurance Maladie Obligatoire
L’union de la culture et de la santé ouvre un nouveau chapitre pour les artistes congolais. Ce 19 novembre, la ministre de la Culture, Arts et Patrimoine, Yolande Elebe Ma Ndembo, et son collègue de la Santé publique, Roger Kamba, ont scellé un accord de principe autour d’un projet attendu depuis des décennies : la mise en œuvre d’une couverture maladie universelle pour les artistes et leurs familles.
Cette initiative découle directement du Statut de l’Artiste, adopté en juin 2025 par le gouvernement Suminwa. Elle ambitionne de replacer les artistes au cœur du dispositif social national, en leur garantissant un accès digne aux soins de santé, longtemps considéré comme un luxe pour une majorité d’entre eux.
Un tournant social pour un secteur longtemps marginalisé
Yolande Elebe a insisté sur l’urgence de rompre avec la précarité chronique dans laquelle évolue le monde artistique. Pour elle, cette réforme n’est pas une faveur, mais un droit fondamental.
« Les artistes façonnent l’âme de notre nation. Leur protection sociale est une dette que l’État doit assumer pleinement », a t-elle déclaré.
En réponse, Roger Kamba a rassuré sur la volonté du gouvernement de ne pas se limiter à une simple annonce. Il a confirmé que l’intégration des artistes au régime d’Assurance Maladie Obligatoire est validée. Mieux, un calendrier opérationnel a été établi :
- Décembre 2025 : identification des bénéficiaires via les répertoires du ministère de la Culture ;
- Fin 2025 : remise symbolique des premières cartes de santé ;
- 2026 : déploiement à grande échelle sur l’ensemble du territoire national.
Au-delà de la santé : un modèle de gouvernance concertée
Cette collaboration interministérielle marque un tournant dans la gouvernance sociale du pays. Elle symbolise une volonté d’agir ensemble, au-delà des silos administratifs, pour répondre à des besoins concrets.
L’enjeu dépasse les artistes, il s’agit de bâtir un modèle de solidarité nationale durable, où la culture n’est plus perçue comme un secteur à part, mais comme une composante à part entière du développement.
La concrétisation de cette couverture pourrait non seulement améliorer les conditions de vie de milliers d’acteurs culturels, mais aussi redonner confiance à une jeunesse tentée par l’abandon de ses vocations artistiques, faute de perspectives stables.
Avec ce pas décisif, la RDC envoie un message fort : la reconnaissance des artistes ne se limite pas aux discours, elle passe par des mesures tangibles.
La culture, enfin prise au sérieux, entre dans une nouvelle ère, celle où le droit à la santé devient une réalité pour celles et ceux qui font vibrer l’âme congolaise.
Noel Nzogu