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Offensive contre les M23 :« La RDC ne doit pas déshabiller EAC pour habiller SADC, les grands efforts doivent être faits pour la modernisation de l’armée »[Éric Kamba]

Remplacer les troupes de la force de l’EAC par les troupes militaires de la SADC dans la crise sécuritaire dans la région de l’Est de la RDC, est une manière d’essayer de régler un problème, tout en en contractant un autre », Tribune d’Eric Kamba, Coordonnateur de l’ASBL Congo Action pour la Diplomatie Agissante

Que faire alors pour quitter définitivement cette spirale de guerre, qui sévit dans le pays depuis plus des trois décennies ? Quel est l’état de nos relations avec nos neuf voisins, sachant que certains d’entre eux ont déjà, au cours de notre histoire, tenté de nous agresser, pour occuper une portion de terre congolaise ?
Pour tenter de répondre à ces questions nous allons examiner les objectifs et le mandat de chaque organisation.

Objectifs et mandat de la force de l’EAC

Créée depuis le 7 juillet 2000, la Communauté d’Afrique de l’Est (en anglais East African Community, EAC) est une organisation internationale constituée dans sa configuration actuelle de sept pays, à savoir le Burundi, le Kenya, l’Ouganda, le Rwanda, le Soudan du Sud, la Tanzanie, et la République Démocratique du Congo.

Elle est présidée par Uhuru Kenyatta, le chef d’état Kenyan pour un mandat d’une année.

La Communauté d’Afrique de l’Est est l’un des piliers de la Communauté économique africaine de par son postulat qui est la création d’une Union douanière, la création d’un marché commun et la création d’une Union monétaire qui devra permettre de déboucher sur une fédération politique.

Nous avions écrit abondamment sur la question de savoir si l’adhésion de la RDC était opportune au regard des objectifs de l’organisation, de sa situation économique et de la situation économique des autres pays membres.

Au vu de la fixation imaginaire du court d’échange du franc congolais face au dollar, du quasi non-production des produits finis et semi-finis et de la quasi-dépendance de certaines cités frontalières aux pays frontaliers, il y a lieu de dire que :

  • L’Union monétaire ne profitera pas réellement à la RDC parce que si elle se remet à une banque centrale régionale, cela ne fera que ressortir davantage des problèmes existants. Elle aurait dû donc faire un grand ménage avant d’envisager son adhésion à la EAC, surtout en ce qui concerne la valeur réelle de sa monnaie sur le marché international ;
  • L’Union douanière ne profitera pas réellement à la RDC parce que son volume d’exportations vers les pays de l’EAC est beaucoup plus faible que les autres Etats membres ;
  • L’Union monétaire et le marché commun fragiliseront davantage la cohésion nationale entre Kinshasa et les cités frontalières.

Cependant, certains analystes économiques ont réagi à notre analyse en pointant du doigt le mérite que l’Union monétaire pouvait amener dans cette partie de l’Afrique à savoir : favoriser une stabilité des prix dans les échanges transfrontaliers.

En effet, l’adhésion et l’appartenance à des espaces monétaires unifiés peuvent être suivant les cas soumis au respect des critères portant sur des indicateurs macroéconomiques, notamment le taux d’inflation, le taux d’intérêt, voire le déficit budgétaire.

Du mandat de la force de l’EAC

Dans le cadre des missions des forces internationales, il faudrait avant tout saisir le mandat que cette dernière a reçu. Ce qui permet de mieux juger ses faits et gestes sur le terrain des opérations.

Au sujet de la force de l’EAC, elle est une force d’interposition conformément aux processus de Luanda et de Nairobi tel que confirmé par le général kényan Jeff Nyagah, commandant de la force régionale lors de sa conférence de presse du mercredi 16 novembre à Goma.

La question à se poser est celle de savoir si la RDC pouvait faire confiance à pareille force d’interposition qui a des missions plus restreintes et qui est composée de certains pays qui arment en sous-main le M23 ?

Situation sur le terrain des opérations

Sur le terrain, la situation est telle que les M23 continuent à poursuivre leur conquête malgré toutes les sommations faites par la force régionale, les appelant à se retirer des positions occupées actuellement. Cependant, leur avancée consacre l’élargissement de la zone dite tampon sous le regard de la force de l’EAC.

En conclusion, la force de l’EAC, dans son format actuel (son mandat actuel), n’a pas sa raison d’être en République Démocratique du Congo.

En sus, l’adhésion de la République Démocratique du Congo à l’EAC représente plus de désavantages que d’avantages aujourd’hui.

Nous avions imploré le gouvernement Congolais de sortir de l’EAC au lieu de leur accorder encore trois mois de sursis.

Aujourd’hui, la RDC vient de tendre la main à la SADC pour obtenir de l’aide dans le rétablissement de la paix à l’Est du pays, vu l’échec enregistre par les forces de la Communauté de l’Afrique de l’Est. Que faudrait-il attendre de la SADC ?

Objectifs et mandat de la force de la SADC

La communauté de développement de l’Afrique australe est une organisation intergouvernementale dont le siège est à Gaborone, au Botswana.

Son objectif est de promouvoir la coopération et l’intégration socio-économiques régionales ainsi que la coopération politique et sécuritaire entre 16 pays d’Afrique Australe dont la RDC.

Objectif poursuivi

La Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) s’était réunie lundi 8 mai en Namibie pour le sommet de la troïka, l’organe chargé des questions de défense et de sécurité de l’organisation sous-régionale.

Présidée par le chef de l’État congolais Félix Tshisekedi, la SADC a promis dans un communiqué d’envoyer des troupes dans l’est de la RDC, sans pour autant préciser la date ou le nombre du contingent, lors d’un sommet à Windhoek.

L’objectif poursuivi est de « soutenir la RDC pour restaurer la paix et la sécurité dans l’Est de la RDC.

L’on se souviendra encore de l’aveu d’impuissance manifesté solennellement il y a peu dans la presse par le Secrétaire Général de l’ONU Antonio Guteress face aux rebelles du M23 sous prétexte qu’ils sont devenus une armée superbement équipée avec des armes sophistiquées par rapport à la MONUSCO qui est une force de maintien de paix et non une force d’imposition de paix, et cela tout en s’abstenant de citer le pays fournisseur de ces armes qui est le Rwanda, ce qui est une démission par rapport à la mission des Nations Unies consacrée dans sa Charte et une non-assistance à personnes en danger.

Aujourd’hui, en s’approchant beaucoup plus de la SADC, La RDC est-elle convaincue qu‘elle ne va pas à son tour céder aux mensonges du Rwanda et de l’Ouganda et finalement faire échec aux velléités expansionnistes de ces deux pays et de défendre la souveraineté de la RDC ?

Les forces armées congolaise à l’épreuve des faits

Cette section se penche sur une question d’importance capitale pour la République démocratique du Congo à savoir celle de son armée étant donné que tout Etat moderne doit de protéger sa population et son territoire national de toutes les menaces d’où qu’elles viennent.

La question à se poser est celle de savoir si l’armée congolaise par sa constitution actuelle peut faire face au défi sécuritaire de l’heure ?

Après trois décennies de désolation, la RDC se trouve ainsi dans un tournant décisif pour la quête de la paix afin de sortir son peuple du tourment qu’il vit à la suite des agendas bien connus des pays voisins, principalement le Rwanda et l’Ouganda, avec la complicité de certains membres de la communauté internationale, dans la perspective de jouir indument de ses ressources naturelles au détriment de ses populations plongées dans une misère noire.

Au cours de l’histoire de nos forces armées, des nombreuses purges fondées sur des critères ethniques ont affaiblie l’armée.

Entre 1975 et 1978 , plus de 1 000 officiers et sous-officiers, issus du Kasaï ou du Shaba, ont été exclus après des troubles dans leur région.

Dans les années 1980, les forces armées zaïroises sont de plus en plus formées de Ngbandi, (l’ethnie du président Mobutu de l’époque ), ou de Ngbaka.

Les soldats zaïrois sont pour la plupart très mal payés, et dès les années 1970, ils se sont reconvertit dans les trafics de pièces d’équipement militaire, tandis que les officiers détournaient les soldes destinées à leurs subordonnés.

La misère due à la corruption est généralisée

L’armée nationale congolaise a connu les problèmes des guerres fratricides entre les différentes unités du fait de la différence remarquable dans le traitement des officiers. Dans pareille condition l’armée n’était pas un corps prêt à défendre la nation.

L’armée sous les transitions

L’armée sous les transitions a connu des problèmes avec les décisions aux conséquences dramatiques qui ont consistées à faire le brasage et le mixage des troupes.

Il s’agissait d’intégrer dans les forces armées tous les rebelles avec leur grade et dans certain cas avec leurs troupes replacées sous leur commandement. Donc en réalité il n’eut pas brasage et mixage mais seulement une simple intégration.

Cette décision a eu pour conséquence :

  • La rupture de la chaine de commandement. Certain militaire censé servir sous le drapeau répond plus aux ordres de leur ancien chef de guerre que du commandement de l’armée ;
  • La cristallisation des conflits d’intérêts, les militaires en général et les anciens chefs de guerre en particulier fond passer leur intérêt avant celui de l’armée et utilise les moyens mis à leur disposition pour des fin personnelles et le cas échéant contre les populations civiles ;
  • L’infiltration massive du commandement militaire.
    Pareille situation n’a eu pour effet que d’enfoncer encore plus ce corps censé garantir l’intégrité du territoire national étant donné que lui-même était composé en majorité des troupes de l’AFDL une armée conquérante constituée de beaucoup des Rwandais et d’ougandais qui avaient contribué à conquérir le pouvoir pour mettre la main sur les richesses minières de la RDC.

L’armée sous la troisième république (forces armées de la RDC)

La troisième république qui commence avec la promulgation de la constitution du 18/02/2006 trouve les forces armées de la république démocratique du Congo (FARDC) dans un état qui ne dit pas son nom, les problèmes hérités de la force publique, de l’armée nationale congolaise, des forces armées zaïroise et de l’AFDL ayant atteint leur paroxysme.

C’est ainsi que la troisième république ne démarre pas sur des chapeaux de roue pour l’armée qui malgré les efforts fournis continue à être affaiblie, et not organisée et structurée.

Pour clore nous disons que la RDC ne doit pas déshabiller EAC pour habiller SADC. Par contre l’armée congolaise a besoin des moyens pouvant être mis en sa disposition pour bien remplir ses missions.

Mais cela ne peut se faire qu’après l’avoir repensé. Car la réforme de l’armée permettra de lui assigner uniquement des missions d’intérêts générale qui seront assurées avec patriotisme, professionnalisme et dévouement.

Des grands efforts doivent être entrepris pour moderniser l’armée, les services de l’ordre et de sécurité afin de défendre l’intégrité territoriale, protéger les personnes et leurs biens

Eric Kamba, Coordonnateur de l’Asbl Congo Action pour la Diplomatie Agissante (CADA)

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