DRC MINING WEEK/2023 à Lubumbashi: Sama Lukonde étale la vision du Gouvernement sur la question du développement de l’industrialisation minière et de l’agriculture
Au nom du Président la de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, le Premier Ministre, Jean-Michel Sama Lukonde, a pris la parole, ce jeudi 15 juin 2023, à la Semaine minière de la République démocratique du Congo dénommée « DRC Mining week », qui s’est ouverte à Lubumbashi, le 14 juin sous le thème : « Reconnaître les trophées et les victoires de l’industrie minière en RDC et en dehors « . Pour l’occasion, le Chef du Gouvernement a répondu à une série de questions.
» Je voudrais tout d’abord mentionné ici que j’ai tenu à être présent à ces assises, où j’ai été délégué par Son Excellence Monsieur le Président de la République, pour pouvoir être à côté de ce secteur qui est si vital pour nous, en République démocratique du Congo en ce moment. Et d’être aussi à côté de nos partenaires du secteur minier et être aussi à l’écoute de leurs préoccupations. Je tenais absolument à le mentionner. Pour revenir à la question du jour, c’est cette phrase, qui a été donnée « La revanche du sol sur le sous-sol ». Et ici, l’interaction qu’il faut faire avec le secteur minier. Cette phrase si chère à Son Excellence Monsieur le Président de la République, Son Excellence Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, il ne veut pas en faire un slogan, mais une réalité. Et moi, je vais donner des réponses, peut-être du point de vue institutionnel. Parce que j’ai suivi le débat de tout à l’heure. Du point de vue institutionnel, c’est d’abord le choc découlant de cette guerre russo-ukrainienne. Et nous tous de réaliser, à partir de ce moment-là, que le gros de nos importations, surtout en céréales, venait de l’Ukraine. Et tous les autres pays ont été affectés. Et donc chaque pays s’est retourné sur sa production locale. Et nous aussi, en tant que Gouvernement, de nous interroger sur le sujet, sur la question de nous dire, nous devons absolument garantir notre sécurité alimentaire. Et, au-delà de cette sécurité alimentaire, garantir notre propre production locale. Pour cela, nous avons d’abord, et ça tombe bien, parce que nous sommes avec le ministre de l’Industrie, adopté un Plan national stratégique de Développement, qui reprend les secteurs, ayant besoin de toute l’attention du gouvernement, notamment l’agriculture et puis, la production industrielle », a dit d’entrée de jeu le Premier Ministre Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge.
Et de renchérir par son appel de voir les autres secteurs économiques du pays, à l’instar de l’agriculture, avoir aussi des forums de l’envergure de DRC Mining Week. Il a aussi insisté sur le rôle du Gouvernement de mettre en place le cadre devant permettre l’éclosion de la production agricole.
» Et c’est intéressant que nous soyons, ce jour là pour le DRC Mining Week. Mais j’espère que dans les jours qui vont venir, on pourrait avoir des forums, en tout cas, de la même taille, parce qu’on a déjà des forums dans ce secteur-là, mais au moins des forums à la même taille, pour parler aussi de l’agriculture et pour parler de l’industrie. Maintenant, au-delà de ce Plan national stratégique de Développement, dont j’ai parlé, c’est aussi les moyens que nous devons mettre dans le secteur. Aujourd’hui, le secteur minier est celui qui contribue le plus au budget de l’État. Et donc, une grande partie de ce budget est alloué aujourd’hui au secteur agricole. Nous avons mis en place effectivement ce Programme national sur le Développement de nos territoires, le PDL-145T. C’est d’abord pour avoir justement, au niveau éducatif et de la santé, des infrastructures de base. Des infrastructures de base aussi au niveau de nos administrations pour le retour de l’autorité de l’État. Mais par la suite, c’est d’avoir des routes de desserte agricole. Parce que c’est là, on en a parlé, qu’est une grande partie de la solution. L’État a pour rôle de mettre le cadre qui va permettre l’éclosion de la production agricole. Et donc, les routes de desserte agricole, c’est notre responsabilité de les mettre en place de manière que toute la production, qui est faite à l’intérieur, puisse parvenir aux grands centres. Et d’ailleurs, par la même occasion, résoudre un autre problème important, celui qui est de l’exode rural, des déplacements des populations, parce que n’ayant pas la possibilité d’avoir des revenus dans leurs milieux de vie locaux, l’intérieur des territoires. Ensuite, à côté de ces routes de desserte agricole, un plan sur l’énergie, qui est en déficit aujourd’hui dans le secteur minier. Si jamais nous voulons plus de production, il va falloir avoir plus d’énergie. Bien sûr, le partenariat public-privé, que nous avons, notamment avec les miniers, apporte la solution. Tout à l’heure, avec les responsables, je les incitais à faire davantage. Et c’est à nous, au niveau du ministère des Ressources hydrauliques, d’améliorer aussi les conditions en termes d’investissements dans le secteur de l’énergie. Parce qu’en réalité, l’énergie va de pair avec toute production. Et la production agricole également. Et donc, aujourd’hui nous parlons du Grand Inga. Mais dans le cadre du PDL-145 T, nous voulons avoir des micros centrales pour desservir en réalité les ménages de manière à alléger le réseau principal, qui pourrait servir à l’industrie, notamment à l’industrie minière », a-t-il précisé.
Faisant référence à la corrélation entre le secteur minier et le secteur agricole, le Premier Ministre Sama Lukonde a évoqué l’évaluation du Code minier de 2018, cinq ans après, pour dire que les taxes du secteur minier peuvent, sans être alourdies, par rapport à l’état actuel, aider à booster le secteur agricole grâce à une bonne orientation ou une bonne affectation.
» Aujourd’hui, je crois qu’il faut, dans le cadre de l’évaluation qu’il faut faire, vous savez que nous avons un Code minier, qui va totaliser ses 5 ans cette année depuis 2018. Et donc qui nécessite une revue. Et dans le cadre de cette revue, il y avait déjà des améliorations qui avaient été données, de 0,3% aux entités de base, qui pourraient aussi servir à l’agriculture. Mais voir aussi ce qui pourrait être fait sans alourdir les taxes que nous avons déjà dans le secteur minier. Et peut-être en termes d’orientation de ces taxes », affirme-t-il.
Le Chef du Gouvernement a également rappelé la réflexion sur la nécessité de la transformation locale en vue de la valeur ajoutée, sur les moyens à mettre pour propulser le secteur agricole, et la protection du marché local face à la concurrence extérieure.
» Je pense que c’est deux réflexions à faire. La première, c’est que nous voulons plus de valeur ajoutée au niveau local. C’est cela qui va nous permettre de bénéficier de plus de ressources ici sur place, augmenter nos revenus. Et là, nous appelons les miniers à développer les chaines de valeur ajoutée des produits que nous avons. Aujourd’hui, nous parlons de la batterie. C’est en marche. Nous avons toute une stratégie, d’ailleurs à côté avec notre voisin, la Zambie, de manière à avoir la valeur ajoutée dans ce secteur et avoir plus de ressources. Mais nous devons faire la même réflexion pour tous les autres métaux que nous produisons. Ensuite, à côté de cette production et de sa valeur ajoutée, j’ai parlé de l’agriculture et j’ai dit qu’à côté, il y a l’industrie. C’est vrai qu’aujourd’hui, nous avons déjà des zones économiques spéciales dans le cadre de l’industrie. Mais nous voulons plus d’industrialisation dans le pays. C’est important que nous puissions orienter les ressources, que nous allons avoir sur cette valeur ajoutée, vers le secteur de l’industrie et avoir plus de transformation à côté de la production minière. Je veux aussi mentionner qu’à côté de tous ces facteurs, nous devons également protéger notre marché. Aujourd’hui, on parle de production agricole. Mais si nous mettons le cadre dont j’ai parlé, nous voulons plus d’incitation dans le secteur agricole. Mais nous devons faire face à la concurrence extérieure. C’est important de protéger notre propre production de manière à avoir plus d’incitations à plus d’investissements. Les moyens à mettre dans le secteur agricole, parce que le gouverneur du Kongo central en a parlé, c’est beaucoup plus pour accompagner. Mais c’est le cadre que nous mettons, c’est-à-dire ces routes et cette énergie dont on a parlé, qui va permettre aux investisseurs de venir dans ce secteur-là. Ce sont eux qui sont de véritables producteurs dans le secteur agricole. Et donc, je crois que tous ces défis sont présents là devant nous. Aujourd’hui, nous travaillons avec tous ces programmes dont j’ai parlé à mettre en place tout ce cadre nécessaire », a conclu le Premier Ministre.
Il est important de souligner que bien avant le Premier Ministre, au cours d’un panel, trois Gouverneurs de province, savoir celui, du Haut-Katanga, du Kongo central, et du Tanganyika, avaient donné chacun les stratégies de son entité par rapport à la question de l’industrialisation et de l’agriculture pour assurer la sécurité alimentaire.
Précisons également qu’avant d’entrer dans la salle, le Premier Ministre Jean-Michel Sama Lukonde s’était premièrement entretenu avec le patronat congolais, dont les patrons des grandes entreprises minières, bancaires, et autres sur toutes les questions liées à la collaboration entre les investisseurs et le Gouvernement notamment sur le climat des affaires. Et après, il a visité les différents stands érigés par les différentes entreprises qui ont exposé à ce forum.
Il sied aussi mentionner que plusieurs opérateurs miniers, les directeurs généraux de grandes entreprises du pays ont pris part à cette conférence qui a abordé plusieurs thématiques.
A noter que l’affectation aujourd’hui des fonds venant du secteur minier pour booster le secteur agricole est un retour de l’ascenseur au regard de la contribution de ce dernier dans le passé pour la construction de l’Union Minière du Haut Katanga (UMHK), l’ancêtre de la Gécamines.
Ben Dibanzilua