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Élections des sénateurs et gouverneurs: «aucun candidat sénateur ou gouverneur ne peut prétendre n’avoir pas prévu l’argent à donner aux députés provinciaux et il n’y a aucun député provincial qui ne marchande pas sa voix» ( tribune de Steve Mbikayi)

Corruption des électeurs, un cercle vicieux.
Beaucoup de voix s’élèvent pour fustiger la corruption des députés provinciaux pour les élections des sénateurs et gouverneurs des provinces. C’est une hypocrisie de mauvais goût.

L’achat des consciences s’est généralisé dans notre pays à tous les niveaux du processus électoral et dans tous les secteurs. Dans le projet de loi électorale actuelle, les cadeaux , dons et distribuons d’argent ont été interdits et l’invalidation prévue pour les candidats qui se livreraient à cette pratique. Le seuil de représentativité de 1% avait aussi été supprimé. Curieusement, la prohibition de la corruption de la population a été rejetée. La suppression du seuil maintenu. Contre toute attente , une deuxième lecture du projet a été programmée et le seuil de représentativité réintroduit au prix de plusieurs manœuvres . Le seuil de recevabilité de 60% a été aussi ajouté pour compliquer davantage les choses en rendant la participation aux élections très coûteuses pour éliminer les moins nantis du processus électoral faisant ainsi de la démocratie une affaire de gros sous.


Par voie de conséquence, pendant la campagne électorale, l’achat des consciences a été généralisé et trouvé normal par tout le monde. Certains candidats ont vendu leurs parcelles et d’autres biens de valeur en vue d’avoir l’argent à distribuer aux électeurs. C’est très aberrant de tolérer la corruption au suffrage universel et la déplorer au second degré.
Ceux qui ont corrompu pour être élus ne peuvent pas s’empêcher d’être aussi corrompus avant de voter. Notre société a cette manie de traiter partiellement les problèmes. Partant des fausses prémisses , on attend déboucher sur de bonnes conclusions.
Évitons la politique de l’autruche et regardons la vérité en face.


Tout se jouera avec l’argent . Aucun candidat sénateur ou gouverneur ne peut prétendre n’avoir pas prévu l’argent à donner aux députés provinciaux et il n’y a aucun député provincial qui ne marchande pas sa voix .
En cette matière, l’immoralité est généralisée. Même si la loi électorale n’a pas interdit cette pratique, la corruption et la concussion sont tout de même punies par la loi .
Parce que c’est un secret de polichinelles , pourquoi l’organe de la loi ne se saisit il pas du dossier ?
De ce côté là aussi, il y a à boire et à manger. D’où le cercle vicieux.
Alors, que faut-il faire pour moraliser notre société ?
Nous parions que dans les circonstances actuelles, personne ne saura répondre convenablement à cette question.
En attendant, mettons fin aux condamnations et jérémiades hypocrites.

Steve Mbikayi, député national élu de Mont-Amba, à Kinshasa

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