ENQUÊTE – Magistrature : Retour sur une polémique infondée autour de 70 milliards CDF

Depuis plusieurs jours, une rumeur persistante fait état d’un détournement présumé de 70 milliards de francs congolais (CDF) destinés à la prise en charge de 2 500 magistrats à nommer en 2025. À l’origine de cette controverse, la réponse du Ministre d’État, Ministre du Budget, à une question écrite du député Janvier Msenyibwa Apele, transmise par le Président de l’Assemblée nationale. Face à l’ampleur des allégations, notre rédaction a mené l’enquête.
Une accusation sans fondement ?
D’après les informations recueillies auprès des services techniques du Ministère du Budget, aucun mouvement suspect de fonds n’a été enregistré concernant la prétendue opération de prise en charge des magistrats non encore nommés. « La paie des Agents et Fonctionnaires de l’État suit un processus strict, où les salaires sont liquidés sur base nominale et versés directement sur les comptes bancaires des bénéficiaires. Aucun décaissement n’a été effectué du compte général du Trésor vers une quelconque institution du pouvoir judiciaire », assure un cadre du ministère.
Cette procédure budgétaire rigoureuse rendrait donc impossible un détournement des fonds, du moins dans le cadre évoqué par les rumeurs.
Un processus en cours, patience requise
S’agissant des 2 500 magistrats concernés, les services du Budget clarifient également leur situation administrative. « Le droit au traitement est conditionné par une nomination effective. Actuellement, ces magistrats sont en attente de leur acte de nomination, qui est une étape essentielle avant toute prise en charge budgétaire », nous explique un expert du ministère.
Toutefois, le gouvernement affirme que toutes les dispositions ont été prises pour que ces futurs magistrats soient rémunérés dès leur nomination. « La Loi de finances 2025 prévoit des crédits suffisants pour assurer la prise en charge complète de ces agents une fois leur nomination actée », précisent nos sources.
En clair, il ne s’agit ni d’un oubli ni d’une volonté de priver ces futurs magistrats de leurs droits, mais d’un processus administratif en cours qui demande encore un peu de patience.
Des spéculations alimentées par un climat politique tendu
Pourquoi alors cette polémique ? Plusieurs observateurs estiment que ce débat est symptomatique du climat politique actuel, où les accusations de détournement sont rapidement brandies, parfois sans preuves solides. « Dans un contexte électoral ou de tensions politiques, de telles allégations trouvent facilement un écho dans l’opinion publique, même sans fondement », analyse un spécialiste des finances publiques.
En conclusion, les vérifications effectuées auprès du Ministère du Budget montrent qu’aucun détournement n’a eu lieu. Les fonds destinés aux magistrats nouvellement recrutés sont bien inscrits dans le budget 2025, en attente de leur nomination officielle. Il appartient désormais aux autorités compétentes d’accélérer ce processus pour dissiper définitivement les doutes.