Du Château de la Primature à la Prison de Makala : le destin brisé de Matata Ponyo

Matata Ponyo Mapon, ancien Premier ministre de la République démocratique du Congo, vient d’être condamné à 10 ans de travaux forcés par la Cour constitutionnelle dans le dossier du projet agro-industriel de Bukanga-Lonzo.
C’est un coup de tonnerre dans le paysage politique congolais. Celui que beaucoup considéraient comme un modèle de gestion rigoureuse et d’initiatives économiques modernes se retrouve aujourd’hui derrière les barreaux.
Matata Ponyo avait laissé son empreinte dans plusieurs projets marquants durant son passage à la Primature : Transco pour désengorger le transport public, Congo Airways pour renforcer la connectivité du pays, ou encore des réformes macroéconomiques saluées par certains partenaires internationaux.
Mais depuis plusieurs années, son nom est associé au scandale de Bukanga-Lonzo, un projet agricole de grande envergure qui s’est effondré après avoir englouti des centaines de millions de dollars. Selon la Cour, il aurait orchestré un détournement massif de fonds publics, des accusations qu’il a toujours rejetées, dénonçant un procès politique.
Cette condamnation intervient dans un contexte tendu, où plusieurs voix de l’opposition dénoncent l’instrumentalisation de la justice pour écarter les adversaires du régime en place. Pour certains analystes, cette décision ouvre la voie à un dangereux précédent dans la vie politique nationale.
Matata Ponyo, qui n’a jamais cessé de clamer son innocence, devient désormais l’un des premiers anciens chefs de gouvernement de la RDC à être condamné pénalement.
Son parcours, autrefois cité comme exemple, se termine, du moins pour l’instant, entre les murs de Makala.
Abudu Yawolo