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Éric Kamba (CADA) : « Qu’attend la CPI pour lancer un mandat d’arrêt international contre Paul Kagame pour ses crimes de guerre et crimes contre l’humanité perpétrés en RDC? »

Déclaration de l’ASBL Congo Action pour la Diplomatie Agissante (CADA) à la suite des propos tenus par Paul Kagame, Président du Rwanda, à Bénin

Le président Paul Kagame vient de plaider coupable dans le conflit qui oppose depuis bientôt trois décennies le Rwanda à la RDC lors de la conférence de presse conjointe tenue récemment à Cotonou avec son homologue béninois Patrice Talon au cours de laquelle il a déclaré que le M23 n’est pas au fond un problème, mais plutôt celui des terres ayant appartenu en son temps à son pays et qui ont été annexées au Congo.

Il a, de ce fait, non seulement dévoilé le vrai mobile à la base de la guerre d’agression qu’il impose à la RDC, mais aussi révélé le plus solennellement du monde l’instrumentalisation, aux fins de déstabiliser la partie orientale congolaise, du M23, ce mouvement terroriste qui a directement affecté la vie de plus de 60 millions de Congolais.

Depuis 1998, affirme l’ONG International Rescue Committee, près de trois millions de personnes ont été tuées en RDC. Des millions d’autres sont devenus des déplacés internes ou ont trouvé asile dans les pays voisins.

Assurément, le Président Paul Kagame, qui a toujours prétexté la menace que constitue la présence des FDLR en RDC contre son pays et la discrimination de la communauté tutsi sur le sol congolais pour justifier son interventionnisme, a surpris le monde en réclamant, toute honte bue, et ce au mépris de l’histoire, une partie du territoire congolais, remettant, de ce fait, en cause la conférence de Berlin et le principe d’intangibilité des frontières héritées de la colonisation consacrées dans la Charte de l’Union africaine.

Et la question que d’aucuns se posent est celle de savoir ce que la Cour Pénale Internationale (CPI) attend pour lancer un mandat d’arrêt international contre quelqu’un à la base des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité qui ont émaillé les conflits en RDC sous l’instigation, principalement, du Rwanda.

Si le sinistre Bosco Ntaganda est présentement condamné, à forte raison donc son commanditaire.

En son temps, la CPI a poursuivi l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo et l’ancien vice-président congolais Jean Pierre Bemba pour des crimes supposés commis en Côte d’Ivoire et en Centre Afrique, crimes pour lesquels ils ont été acquittés.

Tout récemment, cette instance a lancé un mandat d’arrêt international à l’endroit du président russe Vladimir Poutine pour ses «ambitions expansionnistes» en Ukraine à la base de la guerre qui sévit, sur fond d’énormes pertes en vie humaine et de destruction massive des infrastructures, dans ce pays depuis fin février 2022, contraignant ainsi les Ukrainiens à vivre dans les conditions infra humaines.

Mais, s’agissant des crimes odieux perpétrés en RDC par le Rwanda sous la houlette du Président Paul Kagame, dictateur patenté et fossoyeur des Droits de l’Homme dans son pays où aucune la démocratie est bâillonnée et au-delà, la communauté internationale joue aux deux poids, deux mesures, trouve des subterfuges, des faux-fuyants, pour sanctionner le maître de Kigali du fait de son rôle dans la tragédie qu’il entretient sciemment depuis près de trente ans sur le territoire congolais, principalement à l’Est de ce pays.

Pourtant, plusieurs rapports de l’ONU documentent les invasions et les razzias opérées au Congo par le Rwanda, sous le commandement de son président.

Et le dernier rapport en date accuse, plusieurs preuves à l’appui, Kigali d’être derrière le groupe rebelle M23 qui, après avoir été défait en 2013 par les FARDC (Forces Armées de la RDC) avec l’appui des troupes onusiennes, a repris, moyennant un arsenal militaire sophistiqué, du poil de la bête en juin 2022, capturant ainsi des pans entiers du territoire congolais dans sa partie orientale, plus précisément dans le Rutshuru, le Masisi et le Nyiragongo.

Et aujourd’hui, en réclamant des terres sur le territoire congolais et en insinuant que celles-ci constituent la base du conflit, le président Paul Kagame, par de telles confessions, atteste, si besoin en était encore, son rôle de maestro, par le M23 interposé, dans les massacres et violations massives des Droits de l’Homme en RDC.

Plus que jamais, justice doit être faite et le président Paul Kagame doit être interpellé pour ces crimes horribles commis en RDC qui n’ont d’égal qu’un génocide aux termes de la Convention pour la prévention et la répression des crimes de génocide.

Ainsi donc, CADA (Congo Action pour la Diplomatie Agissante) prend à témoin la communauté internationale sur le changement narratif du président Paul Kagame.

Sa revendication des terres congolaises est une entreprise visant à distraire l’opinion publique internationale et à déplacer le débat dans la mesure où son fonds de commerce ne tient plus la route.

La Communauté internationale, ainsi que l’avait souhaité le Pape François lors de sa visite en RDC, ne doit pas se complaire dans l’oubli du génocide en cours sur le sol congolais.

Fait à Boston le 20 Avril 2023

Éric Kamba, Coordonnateur de l’ASBL Congo Action pour la Diplomatie Agissante

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